Les RENUART américains ainsi que les POURBAIX qui leur sont proches proviennent de LEVAL-TRAHEGNIES, près de Binche, dans le Hainaut Belge. Ils sont partis vers le Canada à la fin du dix-neuvième siècle puis sont descendus vers la Floride; ils sont maintenant complètement absorbés par la civilisation américaine. Les lignes qui suivent, tracées par C. Michael Renuart nous comptent la fabuleuse histoire de ces émigrants, leur voyage, leur périple, une bonne partie de leur vie. Si vous préférez lire cette histoire dans sa version originale, rendez-vous à l'adresse suivante: http://www.familytreemaker.com/users/r/e/n/Robert-F-Renuart/index.html

           

Victor Renuart

1854-1920

Lui et sa famille en Amérique

     

Daytona Beach, Florida December 1st 2000   Les pages qui suivent est un résumé de l'histoire de la famille Renuart qui commença avec Victor Renuart en 1844. La plupart des informations sur le début de cette histoire fut fournie par mon cousin Albert Doulliez, un deuxième cousin, neveu de mon arrière-grand-mère Elise Doulliez, que j'ai rencontré à plusieurs occasions en Belgique durant les années 1980. La plus grande partie de l'histoire concernant St-Pierre Jolys vient de ma visite de juin 2000 et du livre "Pages de souvenirs et d'histoire" écrit par J.M. Jolys, prêtre de la paroisse de St-Pierre de 1879 à 1921 et mise à jour par J.H. Cote en 1971. Les autres souvenirs sont fournis par mon père, Firmin P. Renuart, fils d'Adhemar, fils aîné de Victor.   C. Michael Renuart, Daytona Beach, Floride, 1 décembre 2000

 

Victor Renuart était né en Belgique de Philippe Renuart et de Rosalie Augustine Pourbaix. Il provenait du village de Leval-Trahegnies situé à 15 km à l'ouest de Charleroi et à 50 km au sud de Bruxelles. Philippe fut premier maître, ou professeur d'école à Leval. Il élevait bien sûr ses enfants de manière très classique. Victor fit des études techniques à l'université de Charleroi. Il acquit le grade de "comptable technique" et il trouva de l'emploi dans une entreprise minière de la place comme comptable. Il y avait beaucoup d'entreprises de ce type au sud de Bruxelles à la fin du dix-neuvième siècle. Victor rencontra et maria Elise Doulliez, une fille du village proche d'Anderlues.

 

Ils s'y marièrent le 9 octobre 1874. Ils vivaient à Anderlues où il commença sa famille rapidement avec la naissance d'Adhémar le 28 novembre 1875. Adhémar fut suivi par Georges en 1877 et Achille une paire d'années plus tard. Victor travailla pendant quelques années pour l'entreprise minière, mais son coeurs n'y était pas. Sa position comme comptable n'était pas idéale et, vers 1885 (certainement bien avant 1888), il démissionna de son emploi et chercha un autre travail mais fut incapable de le trouver dans les environs. En ce temps-là, seul un employeur pouvait l'utiliser pour ce type de travail et à défaut, il fallait changer de profession. Victor apprit alors les opportunités qui se présentaient pour l'émigration au Canada à cause de l'acte de propriété qui avait été promulgué par la Grande-Bretagne suite à ses acquisitions de toutes les colonies occidentales en 1869 et les forçant à devenir provinces Canadiennes. Il annonça alors son intention d'émigrer à sa famille et cette nouvelle rencontra des réactions très mitigées. Son idée était d'aller au Canada et de devenir agriculteur. Malheureusement, il ne connaissait rien en matière de culture. La famille d'Elise Doulliez connaissait des agriculteurs dans la région et trouva à Victor une place d'apprenti où il se dépensa une année durant pour apprendre le commerce de l'agriculture. Suite à sa séparation de l'entreprise minière, et tandis qu'il était sans emploi, Victor et sa famille vécurent avec la famille Doulliez à Anderlues. Il travailla infatigablement durant une année, apprenant les principes fondamentaux de l'agriculture nécessaire à pouvoir survivre dans le nouveau monde. Après qu'il ait appri le commerce de l'agriculture en Belgique, il partit, Elise et les enfants restant à Anderlues et voyagea vers le Canada où il apprit qu'on lui avait attribué une terre dans la province du Manitoba. Pendant ce temps, Elise vivait avec ses parents tandis qu'Adhémar et Georges allaient dans un pensionnat à Lille (en France). Le jeune Achille resta avec sa mère dans la maison familliale des Doulliez à Anderlues. Le voyage de Victor au Canada eut lieu plus que probablement avec un navire à vapeur tels qu'ils existaient de ce temps, qui faisaient le voyage dans le Nord Atlantique, pour l'Amérique du Nord, entrant dans le Golfe du Saint Laurent et remontant le fleuve jusqu'à Québec. En arrivant au port de Québec, Victor complèta les formalités associées à son émigration au Canada et devint un "Homesteader". Cela impliquait l'affectation de terres quelque part dans les provinces occidentales où Victor promettait de gérer et de cultiver la terre. Il eut la bonne fortune de se voir attribuer une propriété dans une région peuplée par des émigrants parlant français. Cette région était dans celle du Manitoba dont Victor ne connaissait rien. En étant arrivé au Canada via Québec, il supposait fautivement que toute la population du Canada partagait sa culture et la langue française. Il allait vers une surprise. Après avoir complété la paprasserie nécessaire au Québec, Victor aurait voyagé vers Montréal par le train pour rejoindre les provinces de l'Ouest. Pendant son voyage vers Québec, il avait été émerveillé par les incroyables montagnes de cette région, la culture française hospitalière et les vertes collines luxuriantes qui existaient dans la partie Est du Canada. Se dirigeant vers l'Ouest, depuis Montréal, il vit le pays valonné et vert du nord d'Ottawa et monta par le pays minier vallonné de l'Ouest d'Ontario passé Sudbury, d'où la plupart de l'approvisionnement mondial de Nickel part. C'est là que Victor découvrit qu'il était incapable de parler la langue anglaise en usage en Ontario et dans tout le reste du Canada. Le voyage vers l'ouest lui montrait les énormes forêts à peine entrevues par l'homme européen. Cette partie du pays venait juste d'être conquise par les colons européens. Continuant à voyager vers l'Ouest, au travers de l'interminable étendue de l'Ontario, les milliers de lacs marquant la transition entre l'Ontario et le Manitoba et Victor fut étonné des centaines de lacs et îles et de la superficie des forêts. Ces merveilles défilaient tandis qu'il se déplaçait vers le Manitoba où il fut salué par les énormes forêts luxuriantes qui se prolongaient sur cinquante miles à l'ouest où soudain il arrivait à la fin des collines et des forêts. Victor en était étourdi. Devant ses yeux s'étirait une vaste plaine qui prolongait depuis loin les Canadian Rockies de la province d'Alberta, quelques milliers de miles plus loin. Il n'y avait pas de collines, pas d'arbres, juste une étendue de terres plates et de prairies. Trente miles plus loin, son voyage prenait fin. Victor avait atteint le village de St-Pierre distant au nord de vingt-cinq miles de Winnipeg, la seule ville populeuse de la province. Ce qu'il trouva à St-Pierre était une nouvelle communauté rurale s'adonnant à la culture, morcelée en prairies par les émigrants pareils à lui, avec des nouvelles fermes coupées de gazon qui marquent les terres planes du Manitoba. Le village était de population de colons francophones qui cultivaient et une mission qui administrait ce bercail. Vers les années 1799, l'honorable M. Chaboillez vint dans la région près de la "Rivière aux Rats" et établissait un comptoir commercial qui servit aussitôt les colons canadiens. Cette région était au sud de Winnipeg, à l'endroit où le Fleuve Rouge et la Rivière aux Rats se rejoignent. Ce fleuve qui coule vers le Sud couvre le chemin vers St-Paul en Minesota, fut la première voie commerciale. Sur ce territoire, la Hudson Bay Company employait ce même fleuve pour transporter vers le sud les produits vers les grandes villes des USA. Les équipements agraires arrivaient par le fleuve. Ultérieurement, les premières communications furent établies dans la région. Les piquets télégraphiques venant en premier. Le service de téléphone viendrait beaucoup plus tard. Quelques années auparavent, le village de St-Pierre naquit au cœur d'une communauté agricole après les temps éprouvants des années 1869 et 1870, à l'époque où le gouvernement britannique qui gouvernait le Canada reprit les territoires de l'Ouest dans leurs possessions. Mais le Manitoba était réellement gouverné par la Hudson Bay Company qui, financièrement, avait le contrôle politique de la région. L'histoire connue de St-Pierre commence en 1870 par l'action des religieux, tout comme dans les temps anciens en Europe. La ville obtint son nom suite à l'établissement d'une mission le jour de la fête de Saint Pierre. Le Père Lestang, alors administrateur du diocèse fut auteur de ce nom et il fut proclamé par la Couronne Britannique le 15 juillet 1870. La première paroisse fut établie en 1877 et le Père Jean-Marie Arthur Jolys arriva et devint le prêtre de la paroisse de la ville en 1879. Plus tard, la ville fut renommée St-Pierre Jolys en mémoire à ce prêtre qui consacra plus de trente années de pastorat aux gens de St-Pierre.   Vers 1887, Victor s'établit dans le nouveau village francophone de St-Pierre Jolys au sud de Winnipeg. Il était arrivé près de deux années auparavent et établit une ferme selon son droit. Sa terre était maintenant labourée et il bâtit lui-même une rustique mais viable cabane comme première maison. Il était propriétaire d'une mule qu'il employait à labourer sa terre. Son cousin François Pourbaix et sa femme Marie le rejoignit ultérieurement dans ce nouveau monde.

St-Pierre Jolys était un village qui gravitait autour de l'agriculture et de l'église. Les Renuart étaient profondément impliqués dans les affaires religieuses et agricoles. Victor devint un bon agriculteur et devint un des responsables de la société agricole locale et il fut président de la société pendant douze années avant de se retirer vers les années 1916. Pendant ces années, la famille de Victor prospéra. Adhemar avait seulement 13 ans lorsque, avec sa mère et ses deux frères, il arriva à St-Pierre.

Après un certain temps, Adhemar et son père furent membres de l'orchestre de la paroisse, nommée la "Fanfare". Adhemar jouait du cornet et Victor jouait du cor alto. Ils exécutaient lors des fêtes de ville ou de paroisse. Il y avait toujours un ton religieux à ces évènements. A certaines occasions, on avait la visite d'un évêque ou d'un cardinal. C'était toujours l'occasion de quoi justifier un défilé.   Adhemar rencontra et épousa Marie Joseph Dumesnil, une fille de 22 ans, de famille française de la Cote au Station, Québec, en 1897. Il établirent aussitôt une famille qui compta bientôt 16 enfants. Ses affaires tournaient autour des produits du bois. Son frère George maria Emma L'Heureux en 1903. Il quitta tôt ou tard St-Pierre Jolys pour s'établir dans le village voisin de Otterburne où il posséda et fit propérer un magasin général. Il est aussi auteur de l'avancée technologique majeure de St-Pierre Jolys. Achille rencontra et maria Marie Louise Lemire et s'établit lui-même comme pionnier de l'automobile et comme entrepreneur de biens immobiliers. Après avoir terminé ses études, Adhemar travailla pour une entreprise de bois à St-Pierre lorsque les contructions dans les villages avoisinants étaient abondantes. Notons que les chantiers de travail étaient situés à 30 ou 40 miles de St-Pierre Jolys où l'orée des forêts commençait, juste avant les vallonnées et montagneuses provinces canadiennes de l'Est. St-Pierre Jolys et Winnipeg marquaient le début des vastes plaines qui s'étiraient à l'ouest. Un des premiers travails d'Adhemar fut de travailler sur chantier au sud-est du Manitoba, là où sont maintenant les Sanlands Provincals Forest, comme chef-coq de camp. Il faisait une grande variété de travaux qui lui donna la connaissance du bois et des produits forestiers qui lui servirent le reste de sa vie. Il apprenait rapidement pour la bonne raison que la sylviculture était en plein essor pour la construction des nouveaux villages et des logements pour faire face au déferlement de l'émigration résultant des contrats 'homestead' canadiens.

Il commença en premier lieu une petite affaire en vendant du bois et autres matériaux de construction à partir d'un bâtiment proche de sa résidence à St-Pierre. Adhemar commença son affaire avec un emprunt de 200 dollars. Ses affaires augmentèrent avec la fourniture de matériel urbain et par l'expansion de ses affaires de ventes immobilières.   Durant plusieurs années les affaires d'Adhemar prirent de l'ampleur avec des emplacements multipliés incluant Cary, Otterburne (près du nouveau terminal ferroviaire), Steinbach, où les Mennonites virent construirent une grande communauté, St-Jean, McTavish et Morris. Plus tard, il alla davantage vers l'Ouest et ouvit un chantier de bois dans la province du Saskatchewan.   Vers 1904, quand la nouvelle église de St-Pierre fut projetée, le Père Jolys approcha Adhemar et lui demanda de l'aider pour les matériaux de l'église. Il est connu dans l'histoire de St-Pierre Jolys que tous les matérieux fournis pour la construction de l'église le fut par Adhemar Renuart et il n'y eut jamais de retard pour les livraisons pendant la construction. Beaucoup d'autres bâtiments à St-Pierre furent également projetés. Le couvent fut bâti en l'an 1900, juste derrière l'église. Là virent Helen et Latitia, ainsi que Edith Prefontaine (qui deviendra ultérieurement Mme Denis Renuart). Ce couvent est toujours là aujourd'hui et est devenu le Musée de St-Pierre Jolys. Le premier hotel de Ville (le Palais Municipal) fut largement dû au soutient d'Adhemar Renuart.

En 1915, Adhemar fit construire un tombeau de famille dans le cimetière, devant la nouvelle église. Il prévoyait que lui et sa famille seraient enterrés là après leur mort. Il se trompait. Deux de ses nourrissons, morts en couches y furent placés. Mais ce fut tout. Victor et Elise moururent en Floride, laissant cette tombe sans usage personnel. Après qu'il se fut déplacé en Floride, Adhémar Renuart rendit disponible le tombeau aux autres familles qui restaient à St-Pierre. Aujourd'hui, les inscriptions montrent que Blanche Pourbaix (morte à deux ans et un mois), Leonne Rougeau (morte à 21 ans, femme de Léon) et Noel Latreille et Rose Latreille furent enterrées dans la crypte familiale. Furent inhumés également deux jeunes enfants d'Adhemar et Edwidge Harcous, mère de Marie Joseph, femme d'Adhemar.

La première guerre mondiale ombragea la vie de St-Pierre. Beaucoup de jeunes hommes du village furent conscrits à l'armée britannique. L'un d'eux fut Aurele Arthur Prefontaine, âgé de vingt et un ans (Aurele était fils d'Albert Prefontaine, frère d'Edith). Il fut tué le 27 septembre 1918 à la bataille de 'Bois Bourlon', juste avant la fin de la guerre. Il fut enrôlé à Québec en 1916 et fut transféré en Angleterre où il fut formé pendant treize mois. Il rejoignit alors le 22 eme régiment et prit part aux dernières grandes avances des Alliés avant de tomber devant l'ennemi. Dans une lettre à sa sœur Edith, il demandait des prières pour ses camarades qui étaient tombés sur le champ de bataille. Trois jours après avoir expédié sa lettre, il tombait lui-même au champ d'honneur. En tout, six familles de St-Pierre donnèrent leur fils pour la guerre. Un mémorial aux morts de la guerre domine le centre du village de St-Pierre et Aruele est parmi ceux qui y sont cités.

Avant que son affaire ne fut vendue, Adhemar avait accru ses places d'affaires jusque six. Il avait beau jeu car ses enfants travaillaient avec lui. Jusqu'à sept de ses fils furent ses yeux et ses oreilles pour faire croître ses activités dans le domaine du bois. C'était un véritable entrepreneur. Au début, les gens de St-Pierre ne disposaient pas de services bancaires, qui n'étaient pas encore disponibles. Comme il n'y avait aucune agence de banque à St-Pierre, les gens s'adressaient à lui pour effectuer des dépôts en ses bureaux. Georges Renuart devint également un important homme d'affaires de la place. Après avoir rencontré Emma, il sélectionna Otterburne pour ses affaires où il ouvrit un premier magasin général. C'était un excellent emplacement situé près du terminal ferroviaire, juste en bas de sa rue, près de ses entrepôts. Adhemar prit également ultérieurement un chantier de bois juste à côté des entrepôts de Georges. Les affaires marchaient bien. En 1909, la Manitoba Telephone fournissait le premier service de téléphone de la région. Le premier central téléphonique et bureau était situé au logement de Georges Renuar, à St-Pierre, d'où il desservait cinq abonnés, dont lui-même. Ces abonnés étaient Charles Desjardins, Ferdinand L'Heureux, Ernest Neveu et Albert Prefontaine. Je peux imaginer ma tante Emma en standardiste. A cette époque tous les appels transitaient par le standard qui aiguillait vers l'abonné appelé. Georges garda cette affaire à St-Pierre jusqu'aux années 1930 quand il se retira et partit vers Coral Gables, en Floride, avec Emma. Georges et Emma n'eurent jamais d'enfants, bien qu'ils en voulussent. Les neveux, petites nièces et petits neveux devinrent leur famille. Après le déménagement en Floride, souvent le dimanche matin après la messe, on visitait la tante Emma et l'oncle Georges pour une courte promenade autours de l'église, à Coral Gables. Achille termina ses études au Canada et travailla à divers métiers jusqu'à attraper la fièvre des voitures. Henry Ford avait construit son fameux modèle T aux USA et souhaitait accroître ses ventes au Canada. Achille devint un des premiers négociants automobile de cette partie du Canada et établit une agence d'import-export de voitures qui lui fit gagner beaucoup d'argent, le faisant voyager et connaître beaucoup de monde. Achille et Marie Louise avaient trois enfants, deux filles et un fils. Blanche Renuart maria un M. Mullin et Aline maria un M. Schrie. Armand se maria également mais de sa femme il n'eut pas d'enfant. Pour Adhemar, l'avenir était fixé. Tous les Renuart connus qui le suivirent en Amérique du Nord sont ses decendants directs. Vers 1912, Adhemar et Achille firent un voyage en Indes. Lors de ce voyage, le navire firent une escale dans les ports de Miami et de Palm Beach (en Floride) où ces villes venaient d'être établies. Le climat tempéré et la proximité de l'océan ne leur échappa pas. Si ce n'était qu'une question de temps. Ils voyaient une ville importante qui s'agrandissait vers la banlieue, poussée par messieurs Merrick et Flager. Adhemar voyait là une réelle occasion pour la vente des matériaux de construction et Achille voyait l'opportunité d'investir dans les biens immobiliers. A leur retour à St-Pierre, Achille et Adhemar planifièrent leur déménagement. En deux ans, ils firent plusieurs voyages à Miami où ils achetèrent des terrains et bâtirent un modeste logis destiné à un usage temporaire. On pourrait considérer cela comme une résidence de vacances, mais ce ne fut pas pour longtemps. En 1921 ou 1922, Achille et Adhemar vendirent leurs affaires. L'entreprise d'Adhemar établie à St-Pierre continuerait à prospérer pendant des décennies entre les mains des nouveaux propriétaires. La Renuart Lumber Company en Floride ouvrit ses portes en juin 1923 à Miami Shores. Cet emplacement fut rapidement suivi par des établissements à Perrine et à North Miami Beach. En ce temps, les sept frères travaillaient tous sur les chantiers de bois au moins à mi-temps. Firmin était seulement âgé de 11 ans et Omer de 12. Probablement qu'ils aidaient en balayant et en nettoyant. Denis, le plus vieux, était déjà marié à Edith Prefontaine. Ils s'étaient mariés deux années plus tôt à St-Pierre où elle avait été élevée et où sa famille continuait à vivre. Le père Albert Prefontaine était depuis de nombreuses années maire de St-Pierre et ses descendants sont toujours notoires dans cette ville. Les frères d'Edith et les neveux devinrent populaires grâce à leur habilité au hockey et au base-ball américain dans les années ultérieures. François et Marie Pourbaix virent en Floride avec leur fils Adhemar

et travailla dans la nouvelle affaire. Denis prenait insensiblement le rôle majeur dans la gestion de l'entreprise. Ses frères Lucien, Amedee, Leon et Adhemar Jr le suivirent rapidement. Omer et Firmin, les plus jeunes frères prendraient les rênes dans la gestion de l'entreprise dans les années qui suivirent. L'après guerre mondiale amena une énorme croissance des besoins dans le sud de la Floride. Beaucoup de grandes résidences et hôtels furent bâtis et l'ère du "Gatsby" était définitivement en route. Beaucoup d'argent fut dépensé et beaucoup de matériaux était utilisé dans les constructions. Les affaires de biens immobiliers prospéraient et le frère d'Adhemar, Achille achetait et vendait propriétés et bâtiments. Un bâtiment très important était le Renuart Arcade, calé au coin de la rue Alhambra Circle et boulevard Ponce de Leon, dans la ville de Coral Gables.

La Renuart Mumber Company put survivre au crash financier des années trente, largement à cause de la structure familiale de l'entreprise et que tout le monde y mettait du sien. A 25 dollars par semaine comme salaire, de longues journées et six jours de travail par semaine, c'était monnaie courante en ce temps-là.

Les frères Adhemar et Achille firent plusieurs voyages pendant les années 20 à 30. Durant certains de ceux-ci, ils devaient visiter les parents en Belgique. Aucune relation ne fut cependant trouvée à cette occasion. Cependant, des contacts assez proches furent entretenus avec la famille Doulliez à Anderlues. Achille était assez intime avec Gustave Doulliez, père d'Albert Doulliez (auquel l'histoire de Victor doit beaucoup). Adhemar prit beaucoup de temps avec Gaston Douliez avec qui il avait déjà des relations du temps que son père Victor était au Canada. Georges ne revenait jamais en Belgique; cependant, sa femme Emma y alla une fois avec Adhemar et la famille. Pour un tel voyage, la famille réservait le passage sur un navire, tout en prenant la voiture et ils naviguaient ainsi vers la Belgique pour une fantastique visite aux parents Douillez. Agée de seulement douze ans, Alice prit part au voyage en 1923. Lors d'un autre de leur voyage internationaux, Adhemar et Achille voyagèrent en Europe, en Egype, au Pacifique sud, à Manille où ils visitèrent un missionnaire de la famille Doulliez de résidence là-bas. Peu de temps après que l'affaire de bois fut établie à Miami, Adhemar commença la construction de son logement à Miami Shores. C'était bâti sur une parcelle de propriété proche de Biscayne Bay, avec un accès ouvert vers le large par un canal qui bordait la propriété juste derrière les garages. Ce devait être une magnifique demeure complète avec beaucoup de chambres à coucher et beaucoup d'espace adapté à divertir toute la famille qui était nombreuse, avec son épouse Marie Joseph. Ils avaient 14 enfants à cette époque. Le premier survivant, Denis, était né en 1901 (deux enfants étaient morts à la naissance). Theresa serait la dernière, en 1923. Les dimanches, nous allions ensemble à l'église, après quoi, nous allions à 'Biscayne' (résidence du grand-père). Nous, étant enfants, arrivions et nous étions salués par la longue lignée de tantes à qui nous devions un baiser, avant d'avoir droit à la table des friandises. C'était un moment difficile pour nous! Cette tradition continua jusqu'au décès d'Adhemar en 1948. L'année 1930 amena l'ère de l'implication religieuse de la famille. Helene avait rejoint le couvent de St-Pierre et était maintenant une Sœur du 'Nom Sacré de Jésus et de Marie' (Sœur du Saint Nom de Jésus et Marie). Rapidement, elle fut connue comme Sœur Helene. La grande partie de sa vie religieuse se déroula dans divers couvents au Canada. Cependant, elle passa la plus grande partie de sa vie au couvent de Mary, Star of the Sea in Key West, en Floride. Plus tard, dans les années 1940-1950, c'est là que nous lui rendions visite. Elle est maintenant en retraite dans un couvent à Montréal (Canada).

 

Jean se forma pour la prêtrise à Rome (Italie) et fut ordonné là-bas le premier octobre 1933. Il devint le père Jean Renuart, CFS. La congrégation qu'il rejoignit était appelée 'Fraternité Sacerdotale'. Le père Jean consacra la majorité de sa vie religieuse au Canada. Cependant, il fit plusieurs voyages pour visiter sa famille en Floride. C'est lors d'une telle visite que j'eus le privilège de servir ma première messe comme enfant de chœur pour le père Jean à l'église Sainte Thérèse de Coral Gables, Floride. C'était en 1949 et j'avais juste neuf ans. Le père Jean vivra sa foi jusqu'au jour de sa mort. Il mourut d'une attaque à Pointe-du-Lac au Québec, au Cénacle St-Peter pendant la nuit du treize décembre 1988, après 58 années de vie religieuse dans la congrégation de la Fraternité Sacerdotale, et de 55 années de prêtrise. Il s'était retiré du pastorat une année plus tôt. Dans ses dernières heures, il avait gardé la bienveillance de ses collègues religieux. Ils le veillèrent constamment et il mourut paisiblement à 12 heures 40 de relevée. Le récit écrit par le père Bernard Julien de ses derniers moments relate 'Père Jean se tourna vers moi, les yeux grands ouverts et un beau sourire sur son visage, exprimant combien il me remerciait et il passa calmement'. Il était douze heures quarante du matin le 14 décembre 1988, jour de la fête de St Jean de la Croix. Dans les années trente, Adhemar acquit quarante acres de terres à Hendersonville, en Caroline du Nord, qui incluait une grande maison à la double façade enduite de briques rouges, devant un petit lac privé, entouré de vergers de pommiers. Nos familles passaient là des semaines, avec les cousins des quatre familles jouant, luttant, ramant, nageant et volant les pommes des vergers proches. C'était le bon temps. Pendant l'été 1933, une tragédie survint. Paul nageait dans le lac, fut prit d'une crampe et se noya avant que quiconque ne s'aperçoive de rien. Rien ne fut plus le même ultérieurement. Plus personne n'était encouragé à nager dans le lac et même à prendre le bateau. Mais nous autres, les grands enfants, nous nous rappelons nos étés merveilleux avec nos cousins. Il y avait un terrain de croquet proche de la grande maison, une crique sur le lac pour picque-niker. Il y avait des écuries où je peux me rappeler quelques années plus tôt qu'il y avait un cheval que nous montions de temps à autre. Les voyages autour d'Hendersonville nous permettaient de nous rendre au Lac Lure, à Chiminy Rock et à Old Swimming Hole. Pour nager et nous rafraîchir, nous construisions un barrage juste en haut d'une crique et faisions un bassin de natation. Une tragédie personnelle frappa Adhemar en 1938, avec le décès de son épouse bien-aimée Marie Joseph. Elle avait été l'amour de sa vie, son roc, et avait élevé une famille incroyable qui consacrait la Sœur Helene et le Père Jean pour l'Eglise, les sept soldats des affaires et autres garçons et filles. Adhemar épousa après une année Blanche Malo, de St-Pierre qui le servit fidèlement jusqu'à sa mort en 1948. L'année 1940 amena encore un changement au monde. La deuxième guerre mondiale était en route et les USA s'engagea contre le Japon après les bombardements de Pearl Harbor en 1941. L'enrôlement des soldats fut établi et tous les hommes éligibles devaient s'y conformer. Les fils de Denis étaient parmi les premiers. Raymond, Gilbert et Albert, tous rejoignaient les forces armées. Raymond rejoignit le Army Air Corps, pilotant des C-46 dans le Pacifique. Gilbert était marin et Albert était un Marine. Tout les trois survécurent techniquement à la guerre. Raymond ne revint pas.

 

Albert répondit au rappel de son unité de Marines et fut affecté sur l'île d'Iwo Jima en août 1945, juste à la fin de la guerre. Il apprit dans l'île qu'à la base aérienne son frère Raymond transportait des troupes et du ravitaillement vers différentes destinations du Pacifique. Il réussit à emprunter une jeep, fit le tour de l'île et visita son frère pour une journée. Ils devaient se réjouir. La guerre serait terminée au plus tard dans une semaine. Sa visite serait la dernière. Un jour que Raymond décolla d'Iwo Jima pour un vol vers le Japon à bord d'un C-46, à l'approche de l'aéroport de destination, un avion fut envoyé à sa rencontre par des troupes japonaises dissidentes qui ne savaient pas ou qui n'admettaient pas la fin de la guerre. Tragiquement, l'avion subit un dommage important et s'écrasa sans survivants. Aujourd'hui, Raymond est honnoré par une plaque au Cimetière de Woodlawn de Coral Gables (Floride), non loin du tombeau de la famille Renuart. Le Mausolée du Cimetière de Woodlawn fut construit dans les années 30. Adhemar poussa beaucoup pour sa construction et en finale, fut pour beaucoup dans sa réalisation. Dans la chapelle principale des Renuart, Adhemar est enterré, près de Marie-Joseph et de Blanche. Achille, Marie-Louise et sa seconde femme Molly, avec George et Emma. Une deuxième chapelle contient les restes des fils d'Adhemar et leurs femmes. Dehors, des alcôves contiennent les restes d'autres Renuart, Kemps (Alice et Paul) et Pourbaix (François et Marie). Dans le milieu des années 40, Adhemar eut une attaque et dû rouler en chaise roulante le reste de sa vie. Les familles allaient encore à Hendersonville et continuèrent jusqu'au moment du décès d'Adhemar en 1948. En 1950, la propriété fut vendue mais beaucoup d'entre nous y retournent pendant les congés d'été.

 

Les fils d'Adhemar continuèrent à faire croître l'affaire de famille pendant plus de deux décennies. De leurs efforts, il résulta plus de quinze chantiers de bois autour de Miami, au sud de Key West et au nord de Vero Beach (Floride). La pression de la concurrence à la fin des années 1960 trouva un aboutissement dans la fusion avec deux autres entreprises de bois et enfin, en vendant l'affaire dans les années 1970. En ce temps-là, les sept frères étaient tous retraités et leurs fils avaient trouvé d'autres professions. Les Renuart des années 1960 et 1970 trouvaient leur propre voie comme ingénieurs, avocats, professeurs, propriétaires de chaînes alimentaires et autres professions trop longues à énumérer. Ils étaient devenus une véritable famille américaine.

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