LES FAMILLES POURBAIX ET L'HERALDIQUE

seconde partie

2 - L'HERALDIQUE MODERNE DES POURBAIX

On va distinguer six niveaux: celui du magistrat Lucien Pourbaix, celui de Jules Pourbaix de Mons ou de son père et celui de la famille descendante de Camille (de) Pourbaix. On peut considérer également que je suis une étape récente de l'héraldique des familles Pourbaix. Il faut classer à part celui de Monseigneur Emile Pourbaix ainsi que celui du baron italien Paul Pourbaix.

Lucien Pourbaix, à la carrière brillante, finit comme Conseiller à la Cour de Cassation à Bruxelles. Il est probablement à l'origine de la création de la bague armoriée qui remit à l'honneur le blason de la famille.

C'est une gravure en creux et est destinée à servir de cachet. En voici la photographie d'une empreinte. La devise est 'Quis raperet' et, pour l'avoir étudié soigneusement, il représente pratiquement les armes comme vu précédemment à ceci près que l'étoile inférieure est remplacée par un lion passant posant la patte dextre sur un globe. L'écu est sommé d'un casque au cimier représentant également un lion mais rampant et issant (ou naissant). Ces détails apparaissent mal sur la photographie. On croit même distinguer de fines lignes horizontales sur le champ qui est la représentation 'noir et blanc' de l'azur.

Ainsi, le créateur de ce cachet aujourd'hui porté par Luc Pourbaix, avait de toute évidence effectué des recherches et avait songé à sortir d'une certaine banalité en remplaçant la troisième étoile par le support, tout en lui accordant une symbolique supplémentaire et tout en gardant le cimier à la figure de l'écu. Il n'a pas tenté de représenter les armes avec un support car les supports, les tenants et les manteaux sont des attributs réservés aux armes de la noblesse.

Dans les dossiers de la famille, très volumineux et riches, je n'ai pas retrouvé trace ni de documentation ni des projets de dessin ni de facture qui concernent cette affaire. C'est ici que je suis intervenu en représentant en couleur ce qui n'existait qu'en noir et blanc et on arrive à cette représentation de base, avec un lion plutôt représenté au naturel.

Comme sur la bague, le lion est langué, la patte dextre posée sur un globe et les étoiles à cinq rais. Le meuble est imaginé d'argent tandis que les étoiles imaginées d'or. Nous ignorons si cette reconstitution correspond au vœux du créateur. L'émail du champ est dessiné d'azur comme signifié par les lignes horizontales de la bague.

Voici la représentation que j'en ai faite, qui résume assez bien la situation mais que l'on pourrait dessiner avec plus d'élégance et de maîtrise. Les lambrequins sont colorés à la couleur du champ et de la pièce honorable.

Le blasonnement de ces armes devraient être la suivante: d'azur au chevron d'argent accompagné au chef par deux étoiles d'or (?) à cinq rais et en pointe d'un lion passant (ou au naturel), lampassé, posant la patte dextre sur un globe, le tout d'or. Il est sommé d'un heaume au cimier de la figure de l'écu. Devise "QUIS RAPERET".

3 - L'ECU POLONAIS

Lorsque la famille polonaise issue de Auguste Pourbaix, banquier de Binche (4658713), s'est créé à son tour une représentation héraldique de leur branche, on peut être assuré qu'ils eurent des contacts avec Lucien ou des membres de sa famille. Ils optèrent donc pratiquement dans l'ensemble les mêmes attributs, mais en effectuant une brisure, voire deux: la pièce honorable (chevron) est représentée d'or et le lion, qui n'est plus un lion, ne pose pas sa patte sur un globe, pas plus qu'au cimier. Voici la représentation officielle des armes complètes, fournie par la famille due à un artiste polonais (1972).

Nous ignorons si les armes en question existaient déjà avant la guerre.

On dit d'une telle représentation que c'est un léopard (lionné), qu'il est au naturel et qu'il est passant. Il possède un sexe (ce qui en fait un mâle) mais a perdu sa langue dans l'affaire. Le lion passant de Lucien Pourbaix avait malgré tout gardé cet attribut. On distingue un lion héraldique d'un léopard par le fait qu'un lion est toujours représenté de profil et un léopard de face, comme c'est le cas, malgré une évidente crinière.

Notons encore les lambrequins à la couleur de l'écu mais un avers qui est d'argent, ce qui n'est pas particulièrement commun et le casque de face à trois barreaux sans signification particulière qui est celle des anoblis récents. La couronne est à quatre feuilles d'acanthe (dont trois visibles) (on dit aussi feuille d'ache - céleris sauvage stylisée) et quatre perles (noble non titré).

Le blasonnement (revu depuis mon édition de 1992) serait "L'écu porte d'azur à un chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles à cinq rais d'or et d'un léopard de même en pointe (ou d'un léopard au naturel)". Rappelons ici que la prétention nobiliaire des familles polonaises est basée sur une distinction papale. Voir à l'histoire de cette famille. D'après le document émis par la famille en 1985, la devise serait "Quid rapered" mais il s'agit sans aucun doute d'une coquille.

Théoriquement, vu la minceur de la pièce, on ne devrait plus (académiquement) la blasonner 'chevron' mais 'étaie'. La différence vient de l'artiste.

4 - L'ECU DES ARMATEURS

Les armes suivantes sont possédées par une famille établie actuellement dans la région de Bruxelles, mais originaire de Mons. Elle possède un écu qui n'est pas, jusqu'à preuve du contraire, connu en couleur. Pour en reconstituer les émaux, j'ai opéré de la même manière que précédemment, à savoir selon mon entendement en la matière et selon mes suppositions. Elles n'ont pas été démenties jusqu'à ce jour par les ressortissants de ladite famille.

L'écu est basé sur cette photographie d'un meuble en bois. Savoir d'où vient l'initiative de sa fabrication, qui a établi le projet, quel en est l'artiste, toutes choses que la famille ne m'a pas confiées, malgré plus de vingt ans de contacts.

Cette famille est pourtant celle qui avait le meilleur dossier généalogique de toute l'histoire de mes relations. Elle remontait de manière normale jusqu'à notre aïeul commun, Antoine Pourbaix, auteur de notre branche et de celle des polonais vus ci-avant. Antoine est classé 4 de notre systématique. L'étude généalogique de cette famille ne s'arrêtait pas à Antoine, mais à un Nicolas, père ou grand-père. Eléments dont je n'ai jamais pu tenir compte car cette affirmation ne reposait malheureusement sur aucun argument scientifique ou administratif. Voici l'écu de bois:

Les attributs sont très proches de ce qui a été vu précédemment mais l'on observe des brisures. La partie haute du champ (striée horizontalement) est toujours d'azur mais la partie sous la pièce qui est réduite en largeur et qui dès lors devrait se blasonner 'étaie', est piquetée sur la surface, ce qui signifierait l'or. Si la pièce honorable est d'argent comme sur la représentation originale, il s'agit d'une arme dite à enquerre (qui présente une anomalie dont on doit s'inquiéter - on ne se fait pas toucher métal sur métal)). Le lion est à considérer comme au naturel car il se marquerait peu sur un fond or et il n'est pas lampassé. Les étoiles sont ici à six rais. La devise est la même "Quis raperet" ainsi que le système de lambrequins, de casque et de cimier. En couleur, l'écu donne alors, en le représentant traditionnellement avec un chevron qui doit prendre un tiers d'épaisseur:

Et si l'on tente une représentation générale, selon la plaque de bois:

Le blasonnement pourrait se faire de la manière suivante: "D'azur à l'étaie d'argent accompagnée de deux étoiles à six rais du même, le mantel sous la pièce étant d'or avec en pointe un lion passant au naturel".

Est-ce Jules Eugène POURBAIX (1895-1984) ou son père Jules Achille POURBAIX (1867-1938) (4658363) qui s'est occupé de cette affaire ? Nous n'en savons rien. Et quels sont les contacts qui eurent lieu à l'époque entre les familles?

La famille dite des 'armateurs' ne descend pas de la souche d'Auger et le savait. Ici pourtant, elle tenta de trouver un raccord entre la descendance d'Auger et celle d'Antoine, via cette représentation héraldique. Ils reprennent l'une et l'autre une partie des attributs ancestraux et c'est bien ainsi. L'écu d'origine appartenait à Anthoine Pourbaix et nul ne sait s'il fut l'ancêtre d'Auger ou l'ancêtre d'Antoine (les auteurs de souche). Il semble aujourd'hui que cette question soit superflue dans la mesure où on peut penser qu'Antoine et Auger étaient frères germains et probablement pas fils d'un Nicolas. Mais descendants de l'homme de fief au sceau du seizième siècle.

5 - LES ARMES ROMAINES DE MONSEIGNEUR POURBAIX

L'écu suivant n'est pas à proprement parler un écu Pourbaix, mais il a appartenu en propre à un Pourbaix, Emile, prince de l'Eglise et autres titres (4644611).

Monseigneur Pourbaix avait prit des armes romaines selon la tradition ecclésiastique.

Nous sommes resté longtemps à le chercher jusqu'au jour où nous en avons lu un blasonnement dans une revue ou une gazette d'époque. Ultérieurement, l'abbé Soupart nous fit le plaisir de nous en procurer un exemplaire en noir et blanc que voici:

Nous n'aimons pas beaucoup cette représentation qui affiche une figure pas très orthodoxe d'un soleil ayant l'air d'insuffler ses rayons. Elle est issue d'une mauvaise reproduction effectuée dans l'ouvrage: "Les remaniements de la hiérarchie épiscopale et les sacres épiscopaux en Belgique au XIXeme siècle," du chanoine E.Rembry (Bruges, 1904).

Vers 1991-92, à l'initiative de Monsieur Jean-Marie Duvosquel, nous sommes entré en possession de la référence convoitée si longtemps: Léonce Deltenre 'Armoiries religieuses: Monseigneur Pourbaix', in Bull. Soc. royale paléo. et archéo. Charleroi, 1957, N° 1-4, page 16'.

Voici ce que l'on peut y lire:

"Armoiries ecclésiastiques: Monseigneur Pourbaix: Emile-Joseph Pourbaix, né à Trazegnies le 24 avril 1845, de Nicolas-Joseph Pourbaix et de Amélie Henry, ordonné prêtre en 1871, professeur de Droit Canon au Grand Séminaire de Tournai, chanoine honoraire de la Cathédrale (1885), doyen de Charleroi (1887), vicaire général du diocèse de Tournai (1892) et auxiliaire de l'évêque de Tournai, avec le titre d'évêque in partibus d'Eudociade, mort inopinément à Tournai, le 8 juin 1894.

Lors de son entrée solennelle à Trazegnies, le 13 juin 1893, les paroissiens lui offrirent un livre d'or qui dans la suite appartint à Mademoiselle Cambier, sa parente (1943). Le manuscrit porte en frontispice les armoiries du prélat: d'azur à 3 gerbes posées 2 et 1, accompagnées d'un soleil mouvant du bord supérieur de l'écu, le tout d'or, et sa devise: Auxilium a Domino. Nous pardonnons volontiers la maladresse du dessin coloré qui nous livre un blason longtemps recherché.

Monseigneur Pourbaix, en se créant des armoiries lors de son élévation épiscopale, suivait une tradition qui se perpétue encore. Cet usage était d'ailleurs général autrefois, même pour les gradués d'Université dépourvus d'armoiries familiales. La barette de docteur valait pour eux l'anoblissement.

Les armoiries confectionnées par les prélats ont presque toujours un sens mystique; l'idée religieuse est obvie (Se dit du sens le plus naturel d'un terme) dans celles de Monseigneur Pourbaix: la lumière de Dieu (le soleil) illumine la moisson des âmes (le blé lié pour le dizeau (tas de dix gerbes de blé, de dix bottes de foin)). La devise parait bien illustrer cette supputation de symbole.".

(s) L. DELTENRE.

Léonce Deltenre, infatigable chercheur connu chez les amateurs d'histoire locale du Hainaut, avait, pour des raisons que nous ignorons, cherché cet écu et avait eu les mêmes difficultés que nous.

D'après le blasonnement, les 'couleurs' (émaux) de l'écu doivent être interprétées de la manière suivante: le champ doit être bleu (azur) et les pièces (soleil et gerbes) doivent être jaunes (or).

d'azur à 3 gerbes posées 2 et 1, accompagnées d'un soleil mouvant du bord supérieur de l'écu, le tout d'or

 

6 - LES ARMES DE LA FAMILLE ORIENTALE DES POURBAIX

Les armes de Paul Pourbaix sr. ont été concédées par le roi d'Italie, avec le titre personnel de baron. La tradition du blason s'est perpétuée dans la famille descendante au moins sous la forme d'ex-libris, généralement représentés en noir et blanc. Nous avons tenté de reproduire les émaux du brevet, vu vers les années 1985 et dont nous possédons une mauvaise reproduction en noir et blanc si bien qu'il semble qu'une erreur se soit produite dans notre édition de 1992 car le soleil qui surcharge la pièce honorable et qui figure au cimier doit, semble-t-il être reproduit de gueules et non de sable. Dans ce cas, les armes devraient plutôt être représentées de la manière suivante. La devise étant "Ex oriente lux" (la lumière vient d'orient) est un rappel de l'origine de l'aventure orientale de cette famille et de ses alliances. Semblablement, la fasce ondée est un rappel évident du grand fleuve de Chine qui est à l'origine de cette aventure orientale.

Le blasonnement devrait se faire de la manière suivante: d'azur à une fasce ondée d'or chargée d'un soleil de gueules, accompagnée de trois dragons d'or posés deux et un. Il est sommé d'un heaume au tortil d'argent et d'azur, aux lambrequins à la couleur de l'écu. Cimier: un envol d'azur et un soleil de gueules. Devise: "EX ORIENTE LUX".

Paul Pourbaix jr. (33315A1111), utilise cette représentation comme ex-libris et c'est également celle qu'il a déclarée officiellement dans l'ouvrage "Armorial de l'Ordre Militaire et Hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem" (MCMLXXXIII), page 297. On y précise que le soleil est de gueules.

Voici une reproduction de l'ex-libris qu'il affiche dans sa correspondance: Il n'utilise plus le casque et l'envol couvre simplement le soleil, les deux posés sur le bourrelet.

Cet article clôt la nomenclature des écus et armes Pourbaix ou de Pourbaix

Troisième partie: l'héraldique des familles alliées

 

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