POURBAIX Alfred, commerçant à La Louvière

Classé 6F755, beau-frère de Charles Mouzin, le célèbre graveur sur métaux, il était fils de Charles Joseph Pourbaix, receveur de charbonnage et de Angélique Meurisse. Il descend de la souche dite de Thomas, via son fils Jean Joseph, vicomte de Goegnies.

 

Représentant typique de la bourgeoisie issue du monde paysan et prolétarien, Alfred Pourbaix peut être considéré comme un des créateurs du carnaval de La Louvière, un des plus fameux et célèbres de la région aujourd'hui.

Cité négociant en 1871, 1872, 1874, 1876 (quincaillier), il est cité ultérieurement comme industriel.

On trouve plusieurs documents sur ce personnage dans notre ref: 66, aux pages qui seront citées.

p. 553 : L'ancienne rue du Gymnase fut rebaptisée rue Alfred Pourbaix lors du recensement décennal de 1930. Elle porte toujours le même nom en 2001. Alfred Pourbaix, élu conseiller communal le 19/10/1884 est cité échevin de 1891 à 1896 (à La Louvière).

Il jouissait de la sympathie de tous. Louviérois jusqu'au plus profond de l'âme, il n'a cessé jusqu'à son dernier souffle de participer à la vie de notre cité qu'il avait vu naître, grandir et prospérer.

Si vous souhaitez une meilleures reproduction de cette photo célèbre, cliquez ici Alfred Pourbaix en gille

 

 

 


L'activité carnavalesque d'Alfred Pourbaix

Empruntons sans vergogne à l'ouvrage "Le Carnaval Louvièrois - 1856-1966" écrit par Fernand Liénaux et édité en 1966 par le Syndicat d'Initiative de La Louvière, même si je ne suis pas le premier à faire cet emprun, loin s'en faut; il a sans doute l'esprit des panygériques pompeux d'autrefois, mèlant saveur du terroir avec un soupçon de politique locale. L'intervenant est Augustin Gilson, industriel, qui fut bourgmestre de La Louvière de 1891 à 1895 et en 1898. Il était de la famille puisqu'il était le beau-frère de son frère Jules Pourbaix, receveur de charbonnage


 

Discours prononcé le 25 mars 1906 par Monsieur Augustin Gilson , Président d'honneur des Gilles "Les Boute-en-train" de La Louvière à l'occasion des

50 ANS DE CARNAVAL

de Monsieur Alfred POURBAIX (né à Baume en 1843).

Manifestation organisée par les Gilles et amis du Jubilaire

Monsieur le Président,

" C'est pour moi une très grande satisfaction que d'avoir été appelé par les membres et affiliés des Gilles les "Boute-en-train", à vous congratuler à l'occasion de cette manifestation, toute de sympathie et de cordialité, organisée pour fêter votre 50me anniversaire carnavalesque.

" Je n'ai pas la prétention de retracer toute la carrière d'un demi-siècle, en mettant en relief les nombreux résultats de vos constants efforts: ce serait m'exposer à bien des oublis involontaires que l'on pourrait peut-être me reprocher. Je me bornerai tout d'abord à vous rappeler un souvenir de ma plus tendre enfance: c'est qu'en 1856, vous avez fait vos début dans la Société de masques qui existait à Baume, au "Coutchie" sous la présidence d'Hyppolite Waucquez, pour passer successivement à la société des "Grands pés" établie au "Sot Ddjef" ; puis chez "Djean Béchère", à Bouvy; pour venir ensuite fonder avec le concours de quelques camarades, la Société des Paysans établie d'abord chez Roulez et plus tard chez D'Hainaut. Je me souviens aussi que la présidence de cette société vous fut confiée pendant une trentaine d'années. (1865-1898)

"C'est après la dissolution des "Vieux Paysans" que vous avez fait votre entrée aux Gilles "Boute-en-train" (1892).

"Aussitôt votre nomination à la présidence, la Société des Boute-en-train prend un essor plus considérable et, je ne crains pas d'être taxé d'exagération en vous déclarant qu'elle figure au premier rang parmi notre Cortège Carnavalesque, dont la renommée n'est plus à faire.

"De tout temps, vous avez toujours été la joie et la gaieté du Carnaval; vous avez aussi su joindre le plaisir au bien-être, et, c'est grâce à votre amour et votre persévérance pour le Carnaval, que le cortège du Laetare a pris une si grande extension et a acquis une si importante renommée dans le pays.

"Aussi, je crois être l'interprète de tous mes concitoyens et des Commerçants Louvièrois en particuliers, pour vous remercier et vous rendre l'hommage auquel vous avez droit.

"Déjà, il y a quelques années nous avons eu le plaisir de vous offrir le grimaçant Triboulet ; nous avons pensé qu'en raison des services rendus, ce faible gage de notre estime était insuffisant.

"C'est pourquoi, au nom de tous ceux qui ont pu apprécier hautement vos qualités de Louvièrois entièrement dévoué à la prospérité de notre belle Cité, nous avons l'honneur de vous prier d'accepter ce modeste témoignage de leur gratitude et de leur affection.

" Nous avons fait appel au talent incontesté de l'illustre peintre Herbo pour immortaliser les traits du cher Président du Carnaval Louvièrois: Alfred Pourbaix.

(Des fleurs sont offertes à Madame Alfred Pourbaix.)

"Puissions-nous, Cher Président, vous trouver de nombreuses années encore à la tête des Boute-en-train louvièrois, tel est le vœu que tous nous formons en cette circonstance."

Le portrait est découvert, le peintre Herbo est félicité et un album contenant les noms de tous les souscripteurs, est remis au Président Jubilaire. Inutile d'ajouter que les bouchons ont sauté et que l'on fit "son pas" de Gilles, au milieu de danses tapageuses. (En 1909, la Mattchiche était la danse à la mode).

L'après-midi de ce beau jour, vers 4 h., les Gilles Boute-en-train furent reçus par leur Président. Ce dernier fut encore congratulé par un groupe de charmantes demoiselles en travesti original. Elles représentaient "La Presse".

Tous se passa heureusement au cours de ce Laetare, à part le temps qui fut détestable le dimanche. Et le journal d'ajouter: Le lendemain, le soleil fit fondre la neige. Au marché, il y a foule, l'espoir est au cœur, le sourire aux lèvres, et les fourmis aux jambes!

Après avoir remis les primes aux Sociétés participantes, Mr Fidèle Cornet, président de l'Association des Commerçants, remet à M.Alfred POURBAIX une médaille en or frappée à son intention, sous les applaudissements de l'assistance.

On trouve également plus loin dans le livre:

En 1850-60……Que pouvait être le Carnaval louvièrois à cette époque? Bien peu de chose assurément.

La jeunesse du centre commerçant se rendait au Pont de l'Olive, au petit salon qui appartenait à Joseph Roulez et où une Société de masques et de travestis était présidée par Jean Robert.

Ce groupe évoluait dans les rues suivi de quelques musiciens faïenciers et entraînait derrière lui tous les enfants avides de danser.

Cette petite société attira bien vite Alfred Pourbaix qui, tout jeune encore, en prit la direction. Il rapprocha le local du centre de la future commune en l'installant en haut de la rue des Amours, chez D'Hainaut. Là, se trouvait le siège du Cercle gymnastique de l'avant-garde libérale. Il n'éprouva guère de difficulté pour engager de nouveaux jeunes gens afin de faire prospérer la Société Carnavalesque dont il devient le président en 1965.

Après la guerre franco-allemande de 1770-71……le carnaval de quartier réapparut avec le petit cortège traditionnel en 1873 et qui évolua lentement jusqu'en 1877.

Alfred POURBAIX était l'animateur du Comité de Jeunesse qui organisait ces modestes défilés avec cavaliers, groupes de travestis, fanfares locales et parfois avec des chars ornés de guirlandes, de lanternes et de fleurs de papier.

On le retrouve parmi les promoteurs des bals masqués de l'Harmonie de La Louvière, au salon Mainil (actuel Théâtre Wallon 1966). Il fut le plus jeune membre de cette brillante société peu après sa fondation (1856), pour en devenir le Président d'honneur en 1870. Une manifestation de sympathie, en 1926, mit à l'honneur le bienheureux jubilaire.

L'Association des Commerçants louvièrois est née en 1877. Alfred POURBAIX comme d'autres de ses collègues, comprend que l'organisation bien dirigée du carnaval et des festivités communales peut fortement contribuer à la réputation de la jeune Louvière en favorisant son commerce local.

La Louvière est complètement métamorphosée avec ses nouvelles places publiques et ses larges artères. On bâtit sans arrêt malgré la crise qui sévit de 1870 à 1875; le commerce ne cesse de se développer grâce à l'essor industriel de la région.

Tout doit être mis en œuvre pour créer des sociétés carnavalesques louvièroises, de gilles surtout.

En 1878, tandis que deux sociétés de gilles à hauts chapeaux prennent naissance, l'une au Hocquet, l'autre au Mitant des Camps, Alfred POURBAIX transforme sa société "Clowns et Paysans" en "Société des Paysans Louvièrois".

L'effectif progresse jusqu'en 1884 et le succès va grandissant. De 1884 à 1890, quelques gilles du centre commerçant accompagnent les "Paysans d'Alfred Pourbaix" pour animer les rues de la jeune cité et participer au cortège du Laetare, nouvellement institué.

En 1894, il se décide à faire le gille avec les Boute-en-train mais reste Président de la société des Paysans jusqu'en 1898, date de la dissolution de ce groupement.

Qu'allait devenir la grande famille des petits Masques et jolis travestis qui se révélaient chaque année toujours plus attrayants? Elle avait tellement besoin de l'orchestre des Vieux Paysans! C'est alors que sur la proposition d'Alfred Pourbaix, l'Association des Commerçants décida de sortit un orchestre ambulant le dimanche après-midi de Laetare pour satisfaire la jeunesse carnavalesque de La Louvière.

De 1895 à 1901, Alfred Pourbaix assumera la présidence de la Société de gilles "Les Boute-en-train" et de 1910 à 1914, en qualité de Président d'honneur, il veillera à l'excellente tenue de son groupe tout en faisant toujours claquer allègrement ses sabots sur les pavés de La Louvière.

Après avoir dignement servi le carnaval louvièrois, Alfred Pourbaix décéda le 11 février 1930, laissant derrière lui d'unanimes regrets.


 

CE QUE L'ON SAIT MOINS (deuxième partie)

 

Christian GOENS - LA LOUVIERE - Avril 2002