POMPES FUNEBRES ET CORDONS DE POELE - LES FUNERAILLES BOURGEOISES D'ANTANT

suite 1

Jules Pourbaix

Journal "Les Nouvelles" du 11/05/1909

NECROLOGIE

Dimanche ont eu lieu à La Louvière, les funérailles civiles de M. Jules Pourbaix. Une foule considérable de monde avait tenu, par sa présence, à rendre le suprême hommage au défunt et à la famille. Remarqué notamment M. le député Pol Boël et M. S. Guyaux, bourgmestre de La Louvière.

L'Harmonie libérale de La Louvière, précédée de son drapeau, figurait en tête du cortège, suivie du drapeau du cercle de libre pensée "L'Emancipation" et de la Fanfare libérale de Baume.

Les coins du poële étaient tenus par MM. Cornet, Louis D'Hainaut, Fournier, Liénaux, Nève et Manderlier.

Le deuil était conduit par le gendre du défunt, M. Moreau, accompagné de ses deux fils, ainsi que par MM. Alfred Pourbaix et Augustin Gilson, frère et beau-frère de M. Jules Pourbaix.

Deux discours ont été prononcés, l'un à la mortuaire, par M. Emile Massart, au nom du Cercle de libre pensée "L'Emancipation"; l'autre, au cimetière, par M. Louis D'Hainaut, au nom de l'Harmonie libérale.

Nous les reproduisons ci-après:

Discours prononcé par M. Emile Massart

Messieurs,

Le Comité de la Société "L'Emancipation" m'a confié la pénible mission de venir en son nom, rendre un dernier et suprême hommage à notre regretté ami Jules Pourbaix, lequel, malgré son grand âge, dès qu'il eut connaissance de la fondation de notre cercle, pria l'un de nos membres de solliciter son admission et prit ses dispositions pour exprimer à sa famille ses dernières volontés.

Né en 1833, Jules Pourbaix appartenait à une génération dont l'éducation et l'instruction étaient imprégnées de l'esprit religieux.

Il sortit de pension à 16 ans et entra au service de la Société des Charbonnages de Sars-Longchamps, en qualité d'aide-comptable, où, pendant quarante-cinq ans, il mena une vie des plus laborieuse.

 

C'est vous dire que notre ami ne put guère philosopher sur les mystères de la vie et de l'au-delà de la tombe. Mais, par contre, il était doué de beaucoup de bon sens et, depuis longtemps, il avait renoncé aux croyances et aux pratiques de la religion.

Il pensait, avec raison, que la pratique des Sacrements ne peut racheter les fautes des hommes.

Il pensait que la science a réduit à néant les affirmations dogmatiques sur la création du monde, du paradis, du purgatoire, de l'enfer, de l'homme et de la résurrection.

Il se disait que les cérémonies religieuses de grands apparats ont plutôt pour objet de flatter la vanité humaine que d'ouvrir les portes du Ciel aux défunts.

Il lui apparaissait comme absolument en opposition avec la justice divine, si elle existe, de croire que l'intervention plus ou moins salariée du prêtre puisse modifier l'arrêt de celui que la religion nous représente comme infiniment bon, infiniment juste, infiniment miséricordieux. Et c'est pénétré de ces sentiments, qu'il déclarait n'avoir besoin d'aucun secours religieux à son dernier moment. Telle fut en peu de mots sa philosophie.

Ami Jules Pourbaix nous nous inclinons devant ton calme moral, devant ta sérénité d'esprit, devant ton courage pour franchir l'Inconnu.

En associant la tristesse que nous cause ta perte, à celle de tes enfants et de ta famille, nous te disons le dernier, l'éternel adieu !

Discours prononcé par M. Louis D'Hainaut:

Mesdames, Messieurs,

Le Président et le Vice-président étant touché par ce deuil, l'Harmonie de La Louvière m'a chargé de la pénible mission de rendre, en son nom, un dernier hommage à celui qui fut, depuis sa fondation, un de ses membres les plus estimés et en fut même l'initiateur.

En 1856, le fondateur de notre belle localité, Monsieur Amand Mairaux, réunit ses amis, parmis lesquels: Ch. Nicaise, Alf. Fagniart, Mouyon (?), F. Van Praet, O. Thiriar, Gravez, J. Brogniez, Daubresse, Desguin, Jean Robert, etc., à l'effet de discuter la formation dans notre chère cité d'une Société d'Harmonie; ce qui fut décidé. Dès lors, Jules Pourbaix entra comme flûtiste solo de la musique et la commission, présidée par Mairaux, connaissant les aptitudes, le dévouement et l'honnêteté de Jules, l'appela aux fonctions de premier secrétaire de cette phalange musicale, dirigée alors par Aimable Michel.

Depuis, il ne cessa de prêter son concours désintéressé et tout son dévouement à notre musique.

Il ne recula et ne se découragea jamais, ni en 1858 lors de la division qui eut comme conséquence la formation d'une société rivale, pas plus que lors de la démission comme président de M. Francis Cornet, son collègue dans une même administration industrielle. Pourbaix resta toujours fidèle au drapeau libéral de l'harmonie, malgré les vicissitudes inhérentes à la politique.

Jules Pourbaix se plaisait à nous conter toutes les difficultés que les promoteurs de la Société avaient eus pour réunir un groupe de musiciens dans ce hameau de St-Vaast (La Louvière), comptant alors quelques milliers d'habitants seulement.

Il était si heureux de constater la bonne marche de notre musique pendant plus d'un demi siècle.

Il n'était plus encore, dernièrement, lorsqu'il vit son œuvre prendre un nouvel essor, sous une impulsion qui lui était chère, et c'est peiné qu'il nous disait ne pouvoir assister à la dernière fête de la Sainte-Cécile, par suite de son état de santé et de celui de son épouse, qu'il vient de perdre, il y a un mois à peine.

Son dévouement inlassable à notre Société méritait une reconnaissance; aussi, en 1906, la société d'Harmonie lui offrit, ainsi qu'à deux de ses collègues fondateurs Guillaume Falise et Victorien Denis une médaille commémorative à l'occasion du 50eme anniversaire de sa fondation.

 

Ce fut un jour heureux pour notre regretté Jules et pour nous.

Devenu le doyen de notre société, il en est resté un membre fidèle, dévoué et assidu, jusqu'au jour où sa santé le retint chez lui, aimant à y retrouver ses anciens compagnons, devenant de plus en plus clairsemés; il était heureux aussi d'y coudoyer les nouvelles générations de l'harmonie auprès desquelles, il ne rencontrait que de chaudes sympathies.

Devant notre société, Jules Pourbaix laissera le souvenir d'un homme serviable, au caractère charmant et son nom restera gravé non seulement dans les annales de la société, mais aussi dans nos cœurs.

C'est avec la plus profonde émotion qu'au nom de l'harmonie qu'il a tant aimée où il comptait tant d'amis, que j'adresse à Jules Pourbaix, au seuil de l'éternité, le suprême adieu. Adieu Jules, adieu !

voir suite 2 et commentaires suite 1 des funérailles d'antant

Christian Goens - La Louvière - Belgium - tous droits réservés