DOSSIER MINISTERE AFFAIRES ETRANGERES BRUXELLES

 

 

Les activités de Paul Splingaerd lors de sa visite en Belgique d'après les documents du Ministère des Affaires Etrangères 1906

 

Paul Splingaerd est arrivé de Chine à Antwerpen le 24 janvier 1906. Lui qui était resté dans l'Empire du Milieu pendant 40 ans. Nous savons exactement qu'il était envoyé par le gouvernement du Gansu pour des affaires bien déterminées. Mais nous croyons que Paul était surtout venu pour faire du tourisme car il y a tout lieu de penser qu'il pouvait recruter des gens 'à distance' et n'avait aucune compétence en matière de machines dont on sous-estimait largement les coûts. Lauwaert dans une lettre dit concernant le voyage de Paul: "Om wat te doen? We weten het niet" - [Pour quoi faire? Nous ne le savons pas]

Il avait reçu 2.000 taëls pour ses frais de voyage mais seulement 3 mois de salaire soit 900 taëls. 300 taël par mois est le salaire qu'il touchera lorsque on serait en exploitation! Tout le monde se faisait des illusions. Il devait être de retour à Lanzhou pour la fin de juillet, ce qu'il ne respectera pas, même s'il pouvait dire qu'il était de retour en Chine à Pékin en juin, étant parti de Belgique le 20 mai. Il quitta la capitale chinoise pour continuer son chemin le 28 juillet et sera mort le 26 septembre 1906, arrivé à Xi'an dans le Chensi, sur le chemin de Lanchow. On se demande ce que le vieux mandarin aurait fait s'il avait survécu vu que les mises en exploitation - usine à drap et métallurgie - ne seront réelles qu'en septembre 1909, soit 3 ans plus tard.

En Belgique, Paul ne connaissait que les prêtres et du personnel diplomatique ou ministériel. Si l'on souhaite des précisions, on est invité à s'adresser aux deux biographises qui ont été écrites à son sujet.

De ceux-là, Il en rencontra beaucoup et il n'eut aucune peine à faire intervenir le ministère pour trouver l'homme qui lui fallait pour l'usine de drap à rénover. Il chercha apparemment un ingénieur agronome également, mais sans doute pour sauver les apparences et pour recevoir des conseils concernant les semenses de betteraves à sucre qu'il devait emporter, ainsi que des pieds de vigne. Il devait également trouver un mécanicien mais il est fort probable qu'il était déjà trouvé: Lucien Tysebaert. Quand à Robert Geerts, trouvé depuis longtemps, il était en fait surmunéraire et Paul aura à expliquer sa présence en prétendant qu'il avait besoin d'un secrétaire, dit-on. Bien heureusement, Geerts trouva sa place à Lanchow, de ses nombreuses activités et fort de son expérience et de sa connaissance du chinois acquise après plus de vingt ans de service en Chine. C'est par ailleurs le seul ingénieur qui renouvella son contrat et qui reviendra au Kansuh après la révolution.

Ceci dit, Paul Splingaerd s'installa à l'hotel de Gembloux, au quartier Léopold où le ministère faisait suivre son courrier composé essentiellement de candidatures.

L'homme orchestre deviendra Monsieur Mathus, inspecteur de l'Industrie du Ministère des Affaires Etrangères. Comme on peut le voir d'après les dates, Paul Splingaerd était déjà sur la brèche le 6 février alors qu'il avait déjà vu le baron de Favereau. C'est Mathus qui va examiner les candidatures reçues et va aider le général à choisir Jean-Jacques Muller.

Le mandarin avait fait savoir via ses interviews qu'il était venu chercher un ingénieur agricole et un ingénieur textile. Est-ce à l'occasion de ces interviews qu'il parla également du pont? On ne sait. Mais nous savons qu'il ne s'agissait que d'une option personnelle vu qu'il n'était pas mandaté par le gouvernement chinois pour négocier quoi que ce soit concernant cette affaire qui resta lettre morte.

 


from Claire Veys - Ministère des Affaires Etrangères - Bruxelles


photo internet

Baron Paul de Favereau, ministre d'Etat
La décoration de droite est la même que celle reçue par Alphonse Splingaerd - Croix civile de premère classe - Belgique


Exemple de canditature pour un poste en Chine pour un ingénieur agronome


 

Mais les documents les plus intéressants sont les candidatures pour la conduite de la fabrique de drap de Lanzhou, poste à pourvoir d'après ce qui est apparu dans la presse.

La lettre suivante du 17 février, écrite par Jean-Jacques Muller, indique qu'une réunion entre Monsieur Mathus, le général Splingaerd et Muller a eut lieu, probablement à Verviers et on est seulement le 17 février ce qui montre que les choses ont été vite.



Le délégué du Gansu - Lin Fuchen - admet les prétentions de salaires de Muller, soit dans ce cas, un forfait -tout-payé- de 17.000 francs belges pour son voyage en Chine dont le temps est estimé à 7 mois. Encore un temps qui est une utopie lorsque l'on sait qu'il faut 2 mois de bateau et 4 mois de caravanne. En fait, le périple de Muller sera quasi de 12 mois. Mais, c'est bien payé quand même. Soit 5100 taëls et soit 425 taëls par mois si l'on compte 12 mois. Paul Splingaerd avait raison: lorsqu'il est revenu en Chine en 1908, Muller aura un contrat à 450 taël par mois, comme Robert Geert. C'est 150 taëls de plus que le salaire de Paul Splingaerd défunt.


 

La dernière pièce indique clairement que le choix de Muller est le meilleur. Itae missa est. Il y a tout lieu de penser que Muller était un sur-doué.




from Claire Veys: Ministère des Affaires étrangères de Belgique

 

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Christian Goens - La Louvière - Belgium - avril 2014 - tous droits réservés

last update: 3-sep-17