L'OR DE L'EMPEREUR

J'ai découvert cette rubrique au hasard des recherches et sur la base d'un mot-clef standard, via Bing en juillet 2011. Je n'ai pas découvert le nom de l'expert qui s'exprime ci-après et je lui emprunte sa prose sans avoir pu le contacter, faute de liaison. Idem pour les photographies des objets.

Il commente une vente de la maison Delorme & Collin du Bocage de Paris (France) en ajoutant des commentaires et son impression. C'est ainsi qu'il cite le nom de Paul Splingaerd qu'il à l'air de bien connaître. Lire la suite. A la fin de la page, je donnerai des commentaires.

Tasse et sa soucoupe et cuillère en or 22ct, dynastie Qing, vers 1905, Chine
Estimation : 8 000 – 12 000€
Adjugé : 45 000€ (Delorme & Collin du Bocage, Juin 2011, sans frais)

Cela fut sans surprise que ce lot en vrai or massif (pas votre métal doré pour hommes faibles) dépassa largement hier son estimation très modeste. En effet, en respectant le cours de l’or (explosif), l’estimation est plus que correcte (le lot ferait environ 405,5g). On pourrait presque croire que l’aspect historique et artistique soit oublié dans l’estimation.

Dans une époque où l’utilisation de l’or fut strictement régulée et contrôlée par la cour, ce genre d’objet était en effet officiellement approuvé par la cour impériale, non seulement pour sa quantité mais aussi pour son iconographie.

Détail de la soucoupe (sans les frettes)

Deux dragons s’affrontant autour d’une perle. Cette iconographie est loin d’être aléatoire : le thème du dragon est un motif impérial.
A quoi pouvait donc servir ce lot qui ferait envier n’importe quel faux bourgeois contemporain ?
La tradition impériale voulait donc que chaque Empereur offre un lot semblable, en or, à un haut-fonctionnaire ( un mandarin) qui a énormément contribué.
Un cadeau prestigieux.
La catalogue nous indique, sans détailler plus, que ce mandarin s’occupait des chemins de fer belges allant de Pékin à Hankou.
Mandarin ? Belge ? Pékin Hankou ? On pense automatiquement, quand on a faim de l’Histoire chinoise, à ce Paul Splingaerd, le plus Chinois des Belges. Ou le plus Belge des Chinois.
Je ne fais que spéculer, mais ce serait super classe si ce lot appartenait en effet à Paul Splingaerd. En gros, c’était un Belge qui avait beaucoup enjolivé l’image de la Belgique en Chine grâce aux constructions de la ligne de chemin de fer reliant Pékin à Hankou et de tout un tas de trucs bien industriels. Ah oui, il était aussi devenu mandarin, officiellement, et il avait fait du bon boulot. Voilà. Au passage, il mourut en 1906, et comme ce cadeau fut donné autour de 1905, j’ai le droit de spéculer.

Évidemment, acheté par des chinois (leur passeport l’avait prouvé) qui avaient bataillé d’autres chinois.
Et parlons donc des chinois dans le marché de l’art parce que vous verrez, je parlerai beaucoup du marché de l’art chinois, un des marchés les plus actifs du monde, désormais !

Parce que Mao n’était pas un type très cool au final, il avait fait la fête avec la Révolution Culturelle qui a tout fait péter. Enfin, tout ce qui est culturel et intellectuel. En gros, Mao disait “Aux chiottes le passé !”. Et là, les adolescents cassaient tout, du temple aux collections privées. Certaines choses ont survécu (les grands vestiges) mais beaucoup du patrimoine chinois a souffert.
C’est là qu’on remercie les Européens d’avoir tout pillé lors de la Guerre d’Opium (même si ils avaient cassé un peu de trucs)  durant la première moitié du XIXème siècle. Et que le nationaliste Jiang Jie Shi s’est enfui avec ses amis anti-communistes à Taïwan avec des impressionnantes collections d’art chinois (qui composent aujourd’hui les magnifiques collections du très chouette Musée du Palais National à Taipei).
Bref, Mao meurt (ce n’était qu’un mortel), la Chine s’adoucit et se rattrape son passé glorieux. Désormais, les biens culturels chinois explosent au niveau des records des ventes, pour plusieurs raisons : rapatriement du patrimoine (patriarche, Patrick, patricien, patriote) et agrandir son ego (de très riche).

voir édition originale en http://www.qualitycontroll.com/blog/prout/123

COMMENTAIRES DU WEBMESTER:
C'est vrai que c'est en 1905 que fut inauguré le rail entre Pékin et Hankéou, en présence de l'impératrice Cixi et de Jean Jadot, son ingénieur. Dès lors, ne serait-ce pas Jean Jadot qui aurait reçu ce présent? Je ne pense pas que ce soit Splingaerd car ce serait connu dans la famille. Il existe également une autre possibilité: celle de Liang Ruhao 梁如浩 . Il était un des très grands mandarins de cette époque et a été responsable du railway également. On se rapproche un peu des Splingaerd car un des fils de ce fonctionnaire a épousé une petite-fille de Paul Splingaerd.

 

 

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Christian Goens - La Louvière - Belgium - juillet 2011- tous droits réservés