Billet d'humeur août 2011 (2)

LES HISTOIRES DE FAMILLE DE MADELEINE

 

Ce récit est visiblement celui de Madeleine Splingaerd-Keet puisqu’elle évoque GP [grand-père] – ou Grandpa Il semble qu’elle avait une prédilection pour le français. Son cognonem étant d’ailleurs ‘Maman’ (voir sur sa tombe à Perth – Australia). Ces récits sont écrits en très mauvais anglais et il est difficile de les traduire.
Nous ne possédons qu’une partie des textes et nous invitons la famille Keet à nous faire parvenir les compléments car il me paraît intéressant de partager ces textes même s’ils paraissent naïfs ou désuets.

This story is obviously that of Madeleine Splingaerd Keet as she evokes GP [grandfather] - or Grandpa, it seems she had a predilection for French. Her cognonem was ‘maman’ (see her grave in Perth - Australia). These stories are written in poor English and it is difficult to translate.
We have got only a part of the text and invite the family Keet to send us supplements because it seems interesting to share these texts even if they seem naive or outdated.

 

TEXTE RAPPORTE DEPUIS LA VIDEO DE LA FAMILLE KEET

"on his return trip, Grandpa was given a lot of money to pay the engineers and workers. For 2 days he was followed by a Russian who was very friendly but GP's suspicion proved true. For 3 nights the Russian tried stealthily to open his door. On 4th night, a moonlit night, GP saw the shadow of the Russian pass his window with a dagger. In those times the windows had no glass, but were pasted with thick white paper onto a large wooden frame of 3.3x3.5 inch square lattice work. So he hopped out of bed, with his dagger, gently unlatched the door and stood behind it as the Russian touched the door, it flew open. He entered and GP dug his dagger into his back and he fell dead. The gendarmes arrived in the morning and the dead Russian was still clutching his dagger so GP was acquitted as an act of self defence.

"in another incident he cured a young girl. She was the daughter of another Inn Keeper. In the late 1880's travelling by ... wagons drawn by mules in mountains south of the sedan chairs carried by 2 men took months to travel from Peking or Beijing ??? always found shelter at inns. Gp carried his medicine chest wherever he went. My dad inherited it [Madeleine parle ici d’Alphonse]. It's a black box with 30 square sections sitting in each section was a bottle with pills and instructions. He gave the 12 year old girl 2 vermicide pills. Next morning before she ate anything a good dose of castor oil and was told to sit in a tub of body temperature water up to the waist. Lo and behold her tapeworm started crawling out. It measures 9 (3?8?) ft and was told to look for the tail as well as the head. The Inn keeper was rejoiced and gave Gp a good sum of money when he passed on to the convent.

....

Place his daughters in the boarding Convent at Rue Montauban to be educated they are Belgian and the 3 boys at the Marist Brothers boarding school. My dad [Alphonse] was then 16 and had a good knowledge of the Chinese. Before doing so he [Paul] paid an official visit to the Lee Hung Chy who uttered in astonishment "Are these all your children? Yes, your honour. But how many wifes have you? Just the one here beside me. Wonderful, wonderful! But how come I have 13 wives and only a girl of 15 years”. So P [Paul] answered kindly. "See that bottle of fire spirit? Give it to 13 people and there is no effect but give it to 1 person and he'll be dead drunk". L H Cuy bowey ascent [sic.]. True, very true.

During hot days drinking water ran out. The 7 carriers complained of thrust. Gp told them to put a pebble in their mouths. T hat kept them going.

TRADUCTION FRANCAISE

"Sur son voyage de retour, grand-père transportait beaucoup d'argent pour payer les ingénieurs et les travailleurs. Pendant 2 jours, il a été suivi par un Russe qui était très sympathique mais GP le soupçonnait et cela s'est révélé exact. Pendant 3 nuits, le Russe a essayé furtivement d’ouvrir sa porte. La 4ème nuit, une nuit de pleine lune, GP vit l'ombre du Russe passer devant sa fenêtre avec un poignard. En ces temps les fenêtres n'avaient pas de verre, mais étaient collées avec du papier blanc épais sur un grand cadre en bois de 3.3x3.5 pouces en réseau carré. Alors, il sauta hors du lit, avec son poignard, doucement déverrouilla la porte et se tint derrière elle. La porte fut poussée par le Russe, elle s'ouvrit. Il entra et GP lui planta son poignard dans le dos et il tomba mort. Les gendarmes sont arrivés dans la matinée et le cadavre du Russe tenait encore à la main son poignard. Enfin, GP a été acquitté sous le couvert d’un acte de légitime défense.


"Dans un autre incident, il guérit une jeune fille. Elle était la fille d'un autre gardien de l'auberge. Dans la fin des années 1880 les voyages ... wagons tirés par des mulets dans les montagnes et au sud de chaises à porteurs portées par 2 hommes. Il fallait des mois pour voyager depuis Pékin. Il fallait toujours trouver refuge dans les auberges. Gp emportait sa pharmacie partout où il allait. Mon père en a hérité. Il s'agit d'une boîte noire avec 30 sections carrées et dans chaque section se trouvait une bouteille de pilules et des instructions. Il a donné à l'adolescente de 12 ans un vermicide pour petite fille de 2 pilules. Le lendemain matin, avant qu'elle ne mange, elle prit une bonne dose d'huile de ricin (huile de castor) et on l’invita à s'asseoir dans une baignoire avec de l’eau à température du corps jusqu'à la taille. Et voilà que son ténia commença à ramper dedans. Il mesure 9 ( 3? 8?) pieds et a été dit de chercher la queue ainsi que la tête. L'aubergiste fut réjouit et donna à Gp une bonne somme d'argent.

....
quand il passa au couvent ( ?)..
[GP] Plaça ses filles au couvent à la rue Montauban afin d'être éduquées comme des belges et les 3 garçons à l'école ‘the Marist Brothers boarding school’.. Mon père [Alphonse] avait alors 16 ans et avait une bonne connaissance du chinois. Auparavant, il [GP] avait effectué une visite officielle à Lee Hung Chy qui lui a dit avec étonnement "S'agit-il de tous vos enfants. Oui, votre honneur. Mais combien d'épouses que vous avez? Juste une à côté de moi. Merveilleux, merveilleux! Mais comment se fait-il ? J'ai 13 femmes et seulement une fille de 15 ans”. Alors P répond gentiment. "Voyez cette bouteille d’eau de feu?". ... “Donnez-la à 13 personnes et il n'y a pas d'effet. mais donnez-la à une personne et elle sera ivre morte ». LH Cuy ascension Bowey [sic.]. C'est vrai, très vrai.


A court d'eau potable lors d’une journée chaude (et sortit en courant ?). Les 7 transporteurs se sont plaints d’avoir soif. Gp leurs a dit de mettre un caillou dans la bouche. Ce qui les a maintenus en vie.


COMMENTAIRES FRANCAIS

1 - Lee Hung Chy : il n’est pas impossible qu’il s’agisse en réalité de Li Hongzhang. Mais comme celui-ci était plutôt à Pekin, il est douteux qu’il ait vu personnellement la famille. Il y encore ici un amalgame. Ce n’est pas dit dans le texte, mais les écoles dont le texte fait allusion se trouvaient à Shanghai et la date est 1896.

2 - En ce qui concerne le texte où il est question de ténia, on reconnaît bien là les qualités médicales de Paul Splingaerd qu’il avait conservées des méthodes de son enfance ou qu’il avait acquises avec les Scheuts.

3 - La partie la plus intéressante de cette partie de récit est bien évidemment la fameuse scène de l’assassinat du Russe. Si nous prenons au pied de la lettre cette description des évènements, il faut considérer qu’il s’agit d’un meurtre. Difficile de plaider la self-défense lorsque l’on tue son adversaire dans le dos. Sous prétexte d’intrusion dans sa demeure, Splingaerd ne disposait pas pour autant d’un « ius occidente ». Autre temps, autres mœurs dit-on dans la langue de Molière. Les législations en la matière ont également beaucoup évolué dans les différents pays durant les cent-cinquante dernières années. Considérons la finalité de cette triste affaire comme étant heureuse dans la mesure où Paul Splingaerd aurait pu voir là s’arrêter sa carrière fantastique.
Ajoutons pour ceux qui l’ignore que Paul Splingaerd travaillait à cette époque pour la légation Prusienne de Pékin et il faut situer l’évènement en 1869-1870. Il fallait deux à trois jours de voyage pour aller de Pékin à Tientsin. C’est plus rapide aujourd’hui ! La Russe s’appelait Tchernaief.
Enfin, comme on le sait, c’est la cinquième ou sixième version des faits. Celle-ci fait froid……dans le dos !

4 - Je rappellerais brièvement la scène de l’assasinat rapportée par le baron Richthofen dans ses carnets de voyage : «  Having left the Mongolian mission, he entered the service of the German legation in Peking as a constable, and in this position recently he had to escort and protect a money transport from Tientsin to Peking. During this, he was unfortunate to get into conflict with a Russian who seemed to have evil intentions with respect to the valuable cargo.  When the latter attacked, and as he was armed with a revolver, Splingaert had to take recourse to defence. In the ensuing fight, it happened that he stabbed him with a short bayonet he had officially been given for defending the convoy. This had brought him to Shanghai where he had to wait for the verdict of an international court of arbitration.  After all witnesses had been heard, this was in his favour, as it was decided that he had acted in self-defence. and he thus gladly accepted my offer to take him with me on my next journey.”

C’est la version que je préfère. Elle implique l’autorité qui aurait jugé Splingaerd, Shanghai « international court of arbitration ». Et la réflexion suivante est déterminante dans la vie de Paul : “ Nevertheless It would have been difficult for him to find a new job right after such an event”.

 

Christian Goens

 

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