En hommage à René ROBERT, et à son grand-père Louis ROBERT, nous avons pensé que, dans le cadre de la reprise sur le web de notre généalogie Horemans - Robert et alliances, nous pouvions vous proposer ce texte de René, publié en 1981 dans une publication savante de Thudinie, où il parle précisément de son bisaïeul.

René ROBERT est la personne qui a suscité en moi, vers les années 1960, le désir de connaître mes ancêtres. C'est donc un peu par lui que je suis devenu généalogiste et un hommage, maintenant qu'il n'est plus, est la moindre des choses. S'il était encore là, il m'autoriserait bien entendu la publication de ce texte qui est de sa plume. Il était lui-même un infatigable chercheur, plutôt historien que généalogiste qu'il n'avait été que pour connaître les origines de sa famille agnatique.

Mobilisé pendant la guerre, ancien du XV e C.R.A.B., Réné est devenu un véritable spécialiste de la dernière guerre. Il édita en 1985 à frais d'auteur, le récit de ses aventures de l'époque de la guerre ("Un ancien du XV e C.R.A.B. raconte - L'aventure de l'an 40", René Robert, Binche 1985, imprimé chez Hubert-Marcq à Chimay). Disposant de l'art de raconter et d'une exceptionnelle iconographie, une formidable collection d'imprimés, d'affiches et de journaux d'époque, collectionneur acharné, René a organisé plusieurs expositions sur le sujet et écrit de nombreux articles dont la bibliographie reste à faire.

Mon cousin René Robert est décédé le 21 décembre 2002.

Sur le schéma qui suit, on peut voir de quelle manière je cousinais avec René, via les HOREMANS, bien sur, tout en sachant que Victoria était ma grand-mère.

 

 

BIOGRAPHIE DE LA THUDINIE - L. ROBERT

Louis Robert, premier auteur dramatique wallon du pays de Charleroi

(Ham-sur-Heure 1849 - Leval-Trahegnies 1928)

Barthélémy-Joseph Robert était revenu de France à Ham-sur-Heure, village natal de son père, lors de le Révolution française, et y avait exercé la profession de cloutier sans doute à Hameau. De son second mariage naquit, le 3 juillet 1849, à Ham-sur-Heure Louis-Joseph Robert.

Son père meurt alors que Louis est âgé de douze ans. Deux ans plus tard, il va habiter Marchiennes, puis Charleroi. A dix-sept ans, il fit ses débuts d'acteur français au "Café de Paris", à Marchiennes, puis au "Cercle philanthropique".

Vers 1870, un acteur du Théâtre Courtioux, salle en planches située au coin de la rue Turenne et du boulevard Jacques Bertrand, à Charleroi, introduit, à la demande du régisseur, deux rôles patois dans un mélodrame en cinq actes intitulé "Les Mystères de l'abbaye d'Aulne". Louis Robert est probablement l'auteur de cette pièce.

De 1871 à 1891, il va vivre à Binche, hormis quelques années qu'il passe encore à Charleroi. C'est à Binche qu'il épouse Célinie Richard qui lui donne un fils.

Le 11 mars 1875, il crée, au théâtre Courtioux, sa première pièce entièrement écrite en wallon carolorégien : "Ayus qu'il est m'pantalon ?", première pièce du répertoire régional écrite entièrement en dialecte. L'action se situe dans une auberge, à Binche, un jour de foire, avec des maquignons allemands. Cette farce ayant connu un grand succès, il Ia transcrit en patois du Centre : "Ayus qu'elle est m'maronne ?" qui est jouée également à Binche et à Leval-Trahegnies.

Le 15 avril 1875, il crée, au même théâtre, un vaudeville-opèrette en deux actes, "El diâle à l'Ronsaut", décrivant des paysans effrayés à la vue d'el bièce dé fièr, c'est-à-dire de la première locomotive de la ligne du Grand Central belge, en 1854. Vu son succès, il transcrit également cette pièce en patois du Centre: "El diâle à R'saix !", qui est jouée pour la première fois, le 16 janvier 1898, par le cercle "La Renaissance", à Leval-Trahegnies.

Son épouse décède à Binche, en 1890. Il se remarie, un an et demi plus tard, avec madame Clara, veuve. En 1892, il fait construire une maison à Leval-Trahegnies, où il restera jusqu'à sa mort. Mais le sort s'acharne à nouveau contre lui: son fils décède des suites de colique de miserere.

Louis Joseph ROBERT, entrepreneur de peintures et homme de théâtre

Cette photo provient de la collection de l'auteur et n'était pas incluse dans l'article

Il continue cependant à écrire:

en 1911 : "Bébert el Parbouyeû" et "In minnâdge d'infier";

en 1913: "Monsieur Bobinard" ou "Amour eyet Mêrceries", dont l'action se situe à Binche, du temps de la grève générale pour le suffrage universel ("soi-disant" grève générale, écrit-il), et "In Scandale chez Nanète";

en 1914: "Deûs minnadges à tatouye";

en 1916: "Ene farce bén djuwéye";

en 1918: deux pièces non encore jouées : "El secret d'Verdégris", pièce mêlée de chants et de danses, en quatre actes, dont l'action se passe à Marchiennes, en 1882, et "Ene maronne pou neuf francs", pochade dont l'action se passe à Leval, en 1918.

Entretemps, il dirige plusieurs cercles dramatiques du bassin de Charleroi, de Binche, Leval et environs, faisant ainsi connaître ses pièces et d'autres, dans la région du Centre, à Binche, Leval, Ressaix, La Hestre, Haine-Saint-Pierre, etc.

Etant peintre-décorateur de métier, c'est lui-même qui, la plupart du temps, peint les décors. En tant que régisseur, il sait "éduquer" ses acteurs, dans toute l'acception du terme. Bien que de naturel très jovial, il se montre très exigeant sur le plateau. Il fait adopter par tous ses collaborateurs une discipline librement consentie, tout en leur inculquant l'amour du théâtre. De plus, il cumule très souvent la régie et les premiers rôles.

Aimant savourer le beau spectacle, il se rend à Bruxelles, plusieurs fois par an, avec son épouse, et y loge, afin de goûter à loisir les soirées d'opéra à la Monnaie ou ailleurs. Un de ses grands plaisirs est de rencontrer ses amis de l'Association littéraire wallonne de Charleroi, dont il est membre.

Hélas, souffrant de rhumatisme et de sciatique, dans les dernières années de sa vie, il ne peut guère se déplacer. Il achète un poney et un tonneau (voiture à cheval, découverte, à deux roues, dans laquelle on pénètre par l'arrière - Dict. Robert), afin de pouvoir sortir et surveiller les travaux de ses ouvriers, car il a été forcé de maintenir en activité l'entreprise de peintures, du fait du décès inopiné de son fils.

Malgré ses maux, il a toujours un mot aimable pour tous ceux qu'il rencontre. Toujours prêt à rendre service et à faire rire, homme droit, noble de coeur et d'esprit, il termine sa vie impotent, presque continuellement cloué à son fauteuil, vêtu de sa blouse de peintre, car il se sent mieux assis que couché. Jusqu'au bout, il accroît son érudition, lisant et écrivant.

Ne pouvant plus dormir, il fume sa pipe, jour et nuit. Le 26 mars 1928, il la laisse tomber, un jour de printemps... Il est enterré au cimetière de Leval.

René ROBERT

CENTRE D'HISTOIRE ET D'ART DE LA THUDINIE A.S.B.L., 7, rue Louis Cambier - Boite 14 6530 THUIN

BIOGRAPHIE DE LA THUDINIE 9e année (1981) - no 97 PERIODIQUE MENSUEL

On peut dériver vers nos documents iconographiques ordinaires concernant la famille ROBERT pages Robert

Vers le haut de page